ACPJ | L’Agora des Citoyens, de la Police et de la Justice veut déconstruire « les clichés » sur la sécurité (Christophe Korell)
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L’Agora des Citoyens, de la Police et de la Justice veut déconstruire « les clichés » sur la sécurité (Christophe Korell)

Dépêche par Marie Desrumaux, dépêche n° 599071, publiée le 15 janvier 2019 à 17 h 25 par l’Agence spécialisée AEF (reproduite ici avec l’aimable autorisation de l’Agence de presse AEF)

La police et la justice « cristallisent beaucoup de clichés, que ce soit de la part des citoyens, ou entre la police et la justice elles-mêmes ». C’est le constat dressé par Christophe Korell, ancien policier et président de l’Agora des Citoyens, de la Police et de la Justice, dans une interview accordée à AEF info. Cette association, créée en décembre 2018, veut devenir un « lieu de discussion » en favorisant notamment « des rencontres » entre citoyens, forces de l’ordre et professionnels de la justice. L’un de ses objectifs est également de « trouver des points d’accord » entre les travaux de chercheurs et les pratiques professionnelles, afin de faire des propositions au gouvernement et aux parlementaires, indique Christophe Korell. L’ACPJ souhaite notamment travailler sur le « continuum de sécurité » et sur le projet de réforme de la justice.

AEF info : Vous êtes président de l’association Agora des Citoyens, de la Police et de la Justice, fondée en décembre 2018. De quoi s’agit-il ?
Christophe Korell : L’ACPJ se veut un lieu de rencontre, de discussion, sur des questions liées à la police et à la justice. Ces institutions sont deux maillons d’une même chaîne qui cristallisent beaucoup de clichés, que ce soit de la part des citoyens, ou entre la police et la justice elles-mêmes. Nous partons du principe que ces stéréotypes sont liés à une méconnaissance du fonctionnement de chaque institution. Ainsi, en dehors de ceux qui sont sur des postes à responsabilités, les policiers de la base ont peu de contacts avec les magistrats, ce qui peut expliquer des incompréhensions sur ce qu’il se passe après la garde à vue, par exemple.

AEF info : Concrètement, que va faire l’ACPJ ?
Christophe Korell : Plusieurs types d’actions sont envisagées. Nous souhaitons tout d’abord aller au-devant des citoyens en favorisant des rencontres avec des policiers et des magistrats. Ces dix dernières années, avec le développement des réseaux sociaux, le public a plus facilement accès à des images d’interventions de la police, or il n’en connaît pas toujours tous les codes professionnels, d’où le besoin de présenter les pratiques, d’expliquer comment fonctionnent les services de police et la justice. Nous envisageons de travailler avec des associations et d’intervenir dans des lycées, dans des universités pour débattre avec des jeunes ou même monter des projets culturels. L’ACPJ pourrait en outre proposer à la police nationale d’intervenir dans les écoles de police sur des thématiques spécifiques. L’un de nos objectifs est également d’essayer de trouver des points d’accord entre les travaux scientifiques de chercheurs et les pratiques professionnelles, dans l’optique de faire des propositions au pouvoir exécutif et au pouvoir législatif. Nous ne voulons pas être simplement dans la critique, mais tenter d’apporter des solutions. L’ACPJ proposera par ailleurs une newsletter régulière sur un thème précis ou sur un rapport. Nous chercherons le consensus car, au sein de l’association, tous les membres ne partagent pas les mêmes idées. Nous voulons favoriser la confrontation des points de vue, en essayant de tirer le vrai du faux. On entend souvent dire, par exemple, que la justice est laxiste : nous pouvons en discuter avec des magistrats, qui expliqueront comment ils voient les choses.

AEF info : Qui compose cette association ?
Christophe Korell : Nous sommes cinq membres fondateurs : un policier et une citoyenne issus du collectif Citoyens & Policiers (lire sur AEF info), deux autres policiers et moi, policier pendant vingt ans, qui travaille aujourd’hui dans une nouvelle administration. Nous nous sommes connus sur les réseaux sociaux [Christophe Korell tient un compte Twitter], où nous discutions et échangions beaucoup sur des sujets liés à la police. C’est de là qu’est venue l’idée de créer une association. Au-delà de ce noyau dur, l’ACPJ compte une vingtaine de sympathisants, à Paris et sur l’ensemble du territoire. L’objectif est de recruter parmi les policiers, les gendarmes, les magistrats, les greffiers, pourquoi pas les avocats, les journalistes spécialisés. Nous cherchons également à nous rapprocher de chercheurs qui travaillent sur les questions de sécurité et de justice. Plus il y aura de gens d’horizons différents, plus nous serons professionnels sur chaque thématique. Toutefois, l’association se veut apolitique et asyndicale.

AEF info : L’intervention de policiers, gendarmes, magistrats ou greffiers en public n’est-elle pas incompatible avec le devoir de réserve de la fonction publique française ?

Christophe Korell : L’ACPJ assure l’anonymat aux professionnels qui le souhaitent, à la fois pour des raisons de sécurité et en raison du devoir de réserve auquel ils sont astreints. Nous garantissons simplement au public que la personne occupe bien la fonction indiquée.

AEF info : Quels sujets en particulier souhaitez-vous aborder ?
Christophe Korell : Nous avons commencé à travailler sur le rapport des députés Alice Thourot (LREM, Drôme) et Jean-Michel Fauvergue (LREM, Seine-et-Marne) sur le « continuum de sécurité » (lire sur AEF info) dans l’idée de produire une note, pour dire ce que nous en pensons. Nous souhaitons également solliciter des magistrats afin de discuter du projet de loi de réforme de la justice (lire sur AEF info). L’ACPJ a par ailleurs vocation à suivre les développements de la police de sécurité du quotidien. À ce sujet, Jean-Pierre Havrin, l’ancien directeur départemental de la sécurité publique de Haute-Garonne (lire sur AEF info), qui fait partie des personnes qui nous soutiennent, pourrait apporter son expérience sur la police de proximité (lire sur AEF info). Pourquoi pas, aussi, porter un discours sur la question des contrôles d’identité, sur le maintien de l’ordre, ou sur les suicides parmi les forces de l’ordre… Aucun sujet n’est tabou.



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